Charles Brun.


 

Parlons du printemps des cœurs. Mais ces mots ont-ils besoin de commentaires ? Les jeunes gens ne les portent-ils pas profondément gravés dans leurs poitrines ? Ce printemps ne resplendit-il pas dans tout leur être et les vieillards, lorsque courbés vers la terre ils recherchent les traces du printemps de leurs cœurs, ne croient-ils pas un instant le retrouver, quand revient le printemps des fleurs ?

Etienne Dinet et Slimane ben Ibrahim. Tableaux de la vie arabe.

Etienne Dinet.

O mes amis, je suis amoureux et personne ne sait ce que j’ai. Une gazelle m’a laissé derrière elle, dans le désert, sans eau pour calmer ma soif. Elle s’appelle Chama. Elle est tatouée sur la figure, sur la cheville et sur les bras ; et le dessin est aussi bleu que peut l’être l’eau de la mer. Ses sourcils sont comme deux lames de sabre, son nez comme le bec de l’aigle. Elle a une bouche qu’un grain de raisin peut couvrir.

chanson arabe citée par Jérôme et Jean Tharaud. Rabat ou les heures marocaines.

 

Charles Brun.


Edmond, comte de Grimberghe.

 

Pierre Bellet.

Marcellin Laporte.


Etienne Dinet.

 

Ses cheveux étoient noirs comme ébène, tombant sur son col bruni par le hâle : on eût dit que c'étoit leur ombre qui en obscurcissoit la teinte. Chloéleregardoit, et lors elle s'avisa que Daphnis étoit beau ; et comme elle ne l'avoit point jusque-là trouvé beau, elle s'imagina que le bain lui donnoit cette beauté. Elle lui lava le dos et les épaules, et en le lavant sa peau lui sembla si fine et si douce, que plus d'une fois, sans qu'il en vît rien, elle se toucha elle-même, doutant à part soi qui des deux avoit le corps plus délicat. Comme il se faisoit tard pour lors, étant déjà le soleil bien bas, ils ramenèrent leurs bêtes aux étables, et de là en avant Chloé n'eut plus autre chose en l'idée que de revoir Daphnis se baigner. Quand ils furent le lendemain de retour au pâturage, Daphnis, assis sous le chêne à son ordinaire, jouoit de la flûte et regardoit ses chèvres couchées, qui sembloient prendre plaisir à si douce mélodie. Chloé pareillement assise auprès de lui, voyoit paître ses brebis ; mais plus souvent elle avoit les yeux sur Daphnis jouant de la flûte, et alors aussi elle le trouvoit beau ; et pensant que ce fût la musique qui le faisoit paroître ainsi, elle prenoit la flûte après lui pour voir d'être belle comme lui. Enfin, elle voulut qu'il se baignât encore, et pendant qu'il se baignoit elle le voyoit tout nu, et le voyant elle ne se pouvoit tenir de le toucher ; puis le soir, retournant au logis, elle pensoit à Daphnis nu, et ce penser-là étoit commencement d'amour. Bientôt elle n'eut plus souci ni souvenir de rien que de Daphnis, et de rien ne parloit que de lui.

Longus. Daphnis et Chloé.

 


José Alsina.

 

Edouard Verschaffelt.

 

Ecole Orientaliste.


Georges Gasté.

Léopold Karl Muller.

Les femmes fellahs passaient dans cette longue robe bleue, leur unique vêtement, qui joue autour de leurs formes sveltes comme une draperie antique. Cette robe est fendu sur la poitrine, et laisse entrevoir, lorsque la fellah est jeune ou n’a pas d’enfants, des contours d’une pureté sculpturale qui rappellent la gorge aiguë des sphinx.

Théophile Gautier. Voyage pittoresque en Algérie.

Léopold Karl Muller.


 

Georges Clairin.

Etienne Dinet.

A l’idéal ouvre ton âme ;
Mets dans ton cœur beaucoup de ciel,
Aime une nue, aime une femme,
Mais aime ! – C’est l’essentiel !

Théophile Gautier. Emaux et camées.

 

Etienne Dinet.





Elie Anatole Pavil.


 

 

Le plus grand charme des voyages est assurément dans le souvenir qu’on en garde. Courir le monde, c’est agrandir l’horizon de sa pensée, entourer sa mémoire d’un panorama que chaque jour complète, et sur lequel l’éloignement vient répandre une teinte harmonieuse. Plus tard, aux heures de rêveries, le voyageur trouve dans les tableaux du passé les personnages qui les animaient, le soleil qui les éclairait, les fleurs qu’il y a respirées, sa jeunesse, enfin, ses pensées d’un autre âge, et dans ce cadre s’enchâsse un jour écoulé de la vie, que cette divine faculté du souvenir lui permet de revivre encore

Alexis de Vallon. « la Turquie sous Abdul Medjid ».

 

 

 

 

Louis-Emile Pinel de Grandchamp.